Des métiers à tisser à l’automobile, en passant par le sport, la marine et la moto, la marque automobile japonaise Suzuki est fière d’avoir franchi le cap des 100 ans l’an dernier. Mais en France, c’est un autre anniversaire que fête la marque cette année. Cela fait trente ans en 2022 que Suzuki est officiellement représenté sur le sol français. Une arrivée chez nous qui n’a pas été simple, mais qui sera couronnée de succès.
Nous sommes dans les années 80. Après avoir conquis une bonne partie du monde, Suzuki veut convaincre l’Europe et la France. Le nouveau Jimny, le SJ410 veut séduire les amateurs de loisirs et d’activités sportives tout en continuant à servir les professionnels.
Ses moteurs sont plus puissants, il reçoit une direction assistée, et même une boîte manuelle à cinq rapports. Avec son look inimitable, il a tout pour devenir le roi des plages et des montagnes. Mais il y a un gros problème…
L’Europe met des bâtons dans les roues à Suzuki
A cette époque, l’Europe impose des quotas d’importation aux véhicules japonais. Toyota, Nissan et Mazda sont déjà implantés et il n’y a pas de place pour une nouvelle marque nippone en France et en Europe.
Impossible alors de débarquer sur le sol européen pour Suzuki. La solution viendra de l’Espagne. Suzuki s’associe en 1985 avec le constructeur espagnol Santana. Le Suzuki Jimny SJ devient “Santana Samouraï SJ410 et SJ413”.
Construit chez Santana en Espagne, ils sont distribués par un importateur indépendant, Omnex Santana. Ces petits 4X4 simples et solides viennent concurrencer les Fiat Panda 4X4 et Lada Niva et bouleversent le marché du tout-terrain.
Léger, accessible et réputé fiable, le Santana devient indispensable en montagne, en forêt ou en bord de mer. D’autant qu’avec sa bâche amovible, il se transforme vite en cabriolet.
1992, l’Europe est en marche
L’année 1992 marque un nouveau départ pour Suzuki en France. L’Europe est en marche, l’Union européenne remplace la CEE, on prépare le Traité de Maastricht, et si l’Euro n’existe pas encore, on parle déjà de l’ECU, une monnaie commune européenne. Pour le marché automobile aussi, les choses évoluent.
Premièrement on impose aux constructeurs d’équiper leurs voitures neuves de pots catalytiques, pour des questions environnementales. Mais surtout, les quotas d’importations de voitures japonaises disparaissent ! Une vraie opportunité pour Suzuki, qui va enfin pouvoir faire preuve d’ambition sur le sol européen.
Une gamme limitée mais pertinente
Au début, tout est à construire, à commencer par une image de marque. Les Santana Samuraï deviennent Suzuki Samuraï et sont épaulés par le grand frère Suzuki Vitara.
En France, le constructeur peut compter sur la clientèle de petits 4X4 et un réseau commercial qui se développe. En plus de la trentaine de points de ventes qui avaient l’habitude de commercialiser les Santana, le réseau grossit à vue d’œil. Parallèlement à ce développement commercial, le constructeur adapte son outil industriel.
Avec un continent entier à conquérir, il faut produire sur place. Ce sera chose faite avec l’inauguration d’une nouvelle usine en Hongrie, à Magyar. A l’automne 1992, la gamme Suzuki en France accueille pour la première fois une citadine.
Baptisée Swift, elle est basée sur le modèle Cultus. Ni très jolie, ni très performante, elle va pourtant poser les bases de ce qui va devenir, quelques années plus tard, le best seller de la marque.
Swift, la superstar
Dans les années 90, le Vitara se vend très bien et la clientèle Suzuki peut compter sur la fiabilité et le sérieux de ses modèles. Mais il manque un véritable best seller à la marque, une voiture capable de propulser Suzuki à un autre niveau en France.
En 2004, le constructeur lance sa nouvelle Swift, celle qui va faire de Suzuki un vrai compétiteur en France. La Swift passe rapidement la barre des 20 000 ventes annuelles pour atteindre un pic à 32 000 en 2007.
Les clients identifient désormais Suzuki comme un fabricant de petits 4X4 mais aussi comme le constructeur de la mignonne Swift qui s’est déjà écoulé à 183 000 exemplaires en 30 ans.
Simplicité, modestie et proximité
Trente ans plus tard, Suzuki fait partie du paysage automobile français. Ce sont pas moins de 550 000 Suzuki neuves qui ont été vendues par Suzuki Automobile France depuis 1992 grâce à seize modèles différents : Across, Alto, Baleno, Celerio, Ignis, Jimny, Kizashi, Liana, S-Cross, Splash, Super-Carry, Swace, Swift, Vitara, Wagon-R, XL7.
Suzuki reste fidèle depuis trois décennies à ce qui fait son ADN. Une marque simple, modeste, et proche de ses clients. Une discrétion qu’on retrouve dans la façon de communiquer, toujours empreinte de modestie, mais qui n’empêche pas la marque de performer et d’innover.
Suzuki, précurseur sur l’hybride
Dès 2016, le constructeur japonais décide d’arrêter le Diesel. Depuis quelques années déjà, Suzuki achetait des moteurs Diesel à FIAT. “Des moteurs italiens qui étaient les seuls à poser problème en après-vente. Ils faisaient baisser l’excellent bilan qualité de la marque” raconte un concessionnaire.
Suzuki cesse d’acheter des Diesel et introduit sa première technologie hybride SHVS sur les Swift et Baleno. Un pari risqué, à une époque où l’automobiliste français ne jure que par le Diesel, qui va s’avérer gagnant. En 2019, Suzuki France passe la barre symbolique des 30 000 ventes annuelles. Aujourd’hui, 213 concessionnaires hexagonaux commercialisent une gamme Suzuki 100% hybride.
Source : ledauphine.com